Le jeudi qui a propulsé Michel Barnier à la tête du gouvernement français
Après un été de suspense et de consultations intensives, Emmanuel Macron a finalement nommé Michel Barnier, 73 ans, Premier ministre de la France, deux mois après le second tour des législatives anticipées. Ce choix, décrit comme le résultat d’un équilibre délicat entre expérience, stabilité et rassemblement, marque une nouvelle ère dans la présidence de Macron.
Une nomination tardive mais stratégique
Malgré plusieurs semaines d’attente, le président a opté pour Barnier après avoir écarté d’autres candidats potentiels comme Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, jugés à risque de censure immédiate à l’Assemblée nationale. Cette décision, en grande partie influencée par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, a permis de sécuriser un profil expérimenté, capable de naviguer à travers la complexité parlementaire actuelle. Barnier, un gaulliste historique et ancien négociateur du Brexit, apporte avec lui une solide carrière, marquée par plusieurs mandats ministériels et européens.
Bien que Macron et Barnier aient eu des différends dans le passé, notamment en 2019 lorsque Barnier convoitait la présidence de la Commission européenne sans l’appui de Macron, les tensions semblent apaisées. En 2022, Barnier avait même critiqué Macron pour sa gestion « solitaire et arrogante » du pouvoir. Cependant, le contexte politique actuel a favorisé une réconciliation, avec Barnier apparaissant comme un choix rassembleur, particulièrement du côté des Républicains.
Le défi de la coalition
Le nouveau Premier ministre aura comme priorité de bâtir une coalition gouvernementale capable d’adopter le budget, s’appuyant notamment sur les députés de droite et le parti Horizons d’Édouard Philippe. Toutefois, les membres du parti Renaissance, alliés de Macron, se montrent plus réservés, insistant sur la nécessité de définir une politique qui reflète les attentes exprimées par les Français lors des récentes élections.
À l’Élysée, on évite le terme de « cohabitation » pour décrire cette nouvelle phase entre Macron et Barnier, préférant parler de « coexistence exigeante ». Le défi pour ce duo résidera dans la gestion des tensions entre différentes générations et cultures politiques. Michel Barnier, le plus âgé des Premiers ministres sous la Ve République, devra s’adapter à une nouvelle dynamique, tout en s’appuyant sur sa vaste expérience pour stabiliser la situation politique française.
En somme, la nomination de Barnier est le résultat d’un calcul finement orchestré par Emmanuel Macron et Alexis Kohler marquant le début d’une phase politique délicate mais potentiellement fructueuse pour la France.