Gestion du patrimoine religieux français à Rome : la Cour des comptes dénonce des dérives
Dans un rapport sévère publié ce lundi 2 septembre, la Cour des comptes critique vivement la gestion des « Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette », une institution chargée de l’entretien de cinq églises, dont la célèbre Trinité-des-Monts, et de treize immeubles situés en plein cœur de la capitale italienne. La gestion de ce patrimoine, d’une valeur considérable, est qualifiée d' »approximative » et entachée de nombreuses carences.
Selon la Cour, ce patrimoine immobilier et spirituel n’est pas suffisamment inventorié, ce qui expose à des risques de dépossession. Le rapport souligne également une politique opaque dans l’attribution et la fixation des loyers des 148 appartements et 31 magasins gérés par les Pieux, avec des tarifs souvent bien en dessous du marché, entraînant une perte de revenus potentiels estimée à 50%. La gestion extracomptable de certains comptes bancaires, avec de nombreux paiements en espèces, est également pointée du doigt.
Le manque de transparence s’étend aux travaux d’entretien, souvent attribués sans appels d’offres publics, ce qui expose à des risques de surfacturations. De plus, la coopération avec le ministère de la Culture est jugée défaillante, notamment en ce qui concerne les mesures de sécurité anti-incendie, ce qui fait courir des risques pour les biens et les personnes.
Face à ces critiques, l’ambassade de France au Vatican, responsable en dernier ressort, est accusée de passivité. La Cour appelle à une révision impérative du cadre juridique et recommande une refonte de la gestion des Pieux établissements. L’actuel administrateur, en poste depuis 2023, assure que des efforts sont en cours pour remédier aux dysfonctionnements relevés.
Alice Leroy