Un budget « réversible » pour 2025 : un casse-tête pour le gouvernement démissionnaire
Alors que le temps presse, le calendrier pour l’adoption du budget 2025 reste particulièrement serré. Le projet de loi de finances doit être finalisé et présenté au Parlement avant le 1er octobre. Cette contrainte laisse peu de marge au nouveau gouvernement, dont la composition reste encore inconnue, pour effectuer des ajustements significatifs avant le dépôt du texte.
La procédure habituelle exige que le budget soit examiné par le Haut Conseil des finances publiques deux semaines avant sa présentation en Conseil des ministres, prévu pour la fin septembre. Cela signifie que, même si Emmanuel Macron nommait rapidement un nouveau Premier ministre après ses rencontres avec les chefs de parti, le temps restant pour élaborer et soumettre un budget complet est extrêmement limité.
Cette situation pose de nombreux défis. D’une part, le nouveau gouvernement devra jongler avec les attentes des différents ministères tout en respectant les engagements budgétaires européens. D’autre part, la nécessité d’obtenir l’approbation d’une Assemblée nationale sans majorité stable complique encore davantage la tâche. Le risque de ne pas réussir à faire adopter le budget avant la fin de l’année est bien réel, ce qui pourrait entraîner des conséquences économiques et politiques sérieuses.
Les incertitudes autour des priorités budgétaires
En dépit des contraintes imposées, Matignon a pris soin de ne pas figer les priorités budgétaires, laissant au nouveau gouvernement la possibilité de redéfinir ses propres axes de dépense. Par exemple, bien que des économies soient prévues dans le secteur du travail, notamment sur les dispositifs d’apprentissage, il revient au prochain exécutif de déterminer si ces réformes doivent être maintenues ou réorientées.
Les autres secteurs, tels que la culture et les sports, devraient voir leurs budgets rester stables ou augmenter légèrement, en fonction des choix du nouveau gouvernement. Cependant, avec des ressources globales fixées à 492 milliards d’euros, tout ajustement devra être compensé par des réductions ailleurs, ce qui pourrait générer des tensions internes au sein du futur cabinet.
Un budget face aux pressions européennes
En parallèle, la France doit répondre aux exigences de la Commission européenne dans le cadre de la procédure pour déficit excessif. La stratégie budgétaire définie par le gouvernement sortant vise à rassurer Bruxelles en maintenant le cap vers un déficit de 3% d’ici 2027. Toutefois, cette trajectoire pourrait être remise en question en fonction des orientations prises par le nouveau gouvernement, notamment si celui-ci décide de prioriser des dépenses sociales ou des investissements publics.
Cette situation est d’autant plus délicate que la France doit soumettre son plan à moyen terme à la Commission européenne d’ici le 20 septembre, soit avant même que le nouveau gouvernement n’ait eu le temps de prendre pleinement ses fonctions. Le choix d’un budget « zéro valeur » semble donc être une solution pragmatique pour naviguer dans cette période de transition, tout en gardant ouverte la possibilité d’amendements une fois la nouvelle équipe en place.
Conclusion : un horizon flou pour 2025
En somme, la préparation du budget 2025 reflète l’incertitude politique qui règne en France. Le gouvernement sortant a choisi de jouer la carte de la prudence avec un budget transitoire, conçu pour éviter une crise immédiate tout en laissant au prochain exécutif la liberté de redéfinir les priorités nationales. Ce budget « réversible », bien que nécessaire pour respecter les échéances légales, met en lumière les défis considérables que devra relever le nouveau gouvernement pour concilier les exigences internes et européennes dans un contexte de forte instabilité politique.