Les JO 2024 : Une embellie éphémère pour Emmanuel Macron ?

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont généré une euphorie nationale, évoquant l’ambiance festive de la Coupe du monde de football 1998, lorsque la France avait remporté la compétition sur son propre sol. Emmanuel Macron, qui s’est fortement impliqué dans l’organisation des Jeux, a multiplié les apparitions publiques et les messages de soutien aux athlètes français. Cette mobilisation pourrait-elle redorer son image ? Si la réussite des Jeux semble indéniable, les spécialistes estiment que l’effet sur la popularité du président pourrait être de courte durée.

Le Wall Street Journal a salué la gestion des Jeux par la France, soulignant que même les Français, souvent prompts à critiquer, n’ont trouvé que peu à redire. Cette réussite organisationnelle pourrait brièvement conforter le discours d’Emmanuel Macron sur une France ambitieuse et capable de grands projets collectifs. Comme le souligne Emmanuel Rivière, spécialiste de l’opinion publique, « le fait que ça se passe bien, qu’on soit vus comme beaux et performants à l’étranger, ça touche une corde sensible dans un pays qui se vivait en déclin ». Pourtant, il avertit que cette embellie sera probablement fugace, car les enjeux politiques nationaux restent inchangés.

Le contexte actuel est bien différent de celui de 1998, où la victoire en Coupe du monde avait permis à Jacques Chirac et Lionel Jospin de bénéficier d’une hausse durable de leur popularité. À l’époque, le chômage, principale préoccupation des Français, était en baisse, et le gouvernement de cohabitation entre Chirac et Jospin fonctionnait harmonieusement. En revanche, en 2024, Emmanuel Macron fait face à une situation politique tendue, marquée par les répercussions des élections législatives et une défiance croissante de la population. « Le contraste sera tel entre ce moment d’union nationale et le spectacle de l’ingouvernabilité de la France que l’on pourrait même craindre un retour de bâton », analyse Stéphane Rozès, politologue.

Au sein de l’exécutif, on reste lucide quant aux limites de l’effet JO. Si l’événement a permis un moment de répit et de fraternisation, rares sont ceux qui croient à une transformation profonde de la scène politique. « Le pays avait besoin de ce moment de fraternisation. Après, sur l’impact politique, je suis toujours très réservé », confie un ministre. Un autre cadre macroniste souligne que, malgré les selfies et la ferveur populaire autour de la vasque olympique, il serait illusoire de croire que cette atmosphère se traduira par un soutien accru à l’exécutif sur les dossiers brûlants à venir.

Alice Leroy