Bardella Premier ministre : un projet, une méthode

25 juin, 2024 / Entrevue

« L’union fait la France » entonne le Rassemblement national. Ce lundi 24 juin marque une étape décisive dans la volonté affichée par le parti de prendre le pouvoir. Après avoir réclamé la dissolution de l’Assemblée nationale et une majorité absolue pour envoyer leur leader à Matignon, le RN a présenté sa feuille de route en conférence de presse pour prouver leur détermination à accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat.

Pour que les Français y voient plus clair, le Rassemblement national a clarifié ses positions et leurs deux temps d’action dans un papier de 22 pages disponible sur leur site internet.

« Pour notre mouvement qui présente au pays un projet d’alternance politique, cette validation démocratique [comprendre leur victoire aux législatives] sera l’aboutissement d’un long périple : après le moment des propositions puis de l’adhésion, viendra le temps de l’action. 

Le grand projet de redressement national auquel nous nous engageons devant les électeurs s’articulera en deux phases, conformément à un calendrier réglementaire, législatif et constitutionnel parfaitement maîtrisé »

Première phase : jusqu’à l’automne, le temps des urgences.

Au programme : 

  • pouvoir d’achat (avec notamment ces mesures phares : baisse de la TVA sur l’ensemble des produits énergétiques et sortie des règles européennes de fixation des prix de l’électricité)
  • santé (suppression de l’impôt sur les revenus d’activité des médecins et des infirmiers retraités reprenant du service)
  • sécurité (peines planchers pour les récidivistes, suspension des allocations familiales pour les parents de mineurs criminels ou délinquants récidivistes)
  • immigration (retour du délit de séjour irrégulier, suppression du droit du sol remplacement de l’Aide Médicale d’Etat par une Aide d’Urgence Vitale, restriction du regroupement familial par un durcissement des conditions)

« La première phase viendra répondre à l’urgence sociale et sécuritaire : ces mesures interviendront dès l’élection d’une part avec la désignation d’un gouvernement et d’autre part dans le cadre d’une session extraordinaire ; ces textes seront adoptés par le parlement ou mis en œuvre par voie règlementaire jusqu’à l’automne, date de la discussion budgétaire.

Les mesures d’urgence concerneront les trois domaines que les électeurs ont jugés prioritaires. Ils se déploieront principalement par le biais de trois textes législatifs, textes d’urgence sur la qualité de vie (pouvoir d’achat et santé), la sécurité et l’immigration. A ces travaux s’ajouteront le lancement des chantiers indispensables pour créer la base des réformes nécessaires à notre pays : un audit des comptes de la Nation pour connaître la réalité précise des finances publiques et d’autre part plusieurs consultations avec les corps intermédiaires. »

Seconde phase : dès l’automne, le temps des réformes

« La seconde phase comprendra le débat budgétaire proprement dit qui intégrera notamment toute l’articulation fiscale puis, dans la foulée de ce vote annuel, une construction législative permettant de mettre en œuvre les réformes de fond. 

La phase de réforme commencera par le vote d’un premier budget : si évidemment, les priorités de ce budget prendront en compte les résultats de l’audit des comptes de la Nation, il contiendra de nombreuses mesures fiscales ou financières qui s’inscrivent dans le projet présenté aux Français lors des élections présidentielles et européennes. Le gouvernement, en étroite liaison avec la majorité parlementaire, s’attaquera aux grandes réformes nécessaires au redressement de notre pays. » 

L’objectif de ces réformes ? Répondre à trois enjeux jugés fondamentaux : 

  • le devoir de protection (défense militaire, submersion migratoire, justice, lutte contre les fraudes, redressement du système de santé, lutte contre l’écologie punitive) ; 
  • le besoin de projection (réaligner intérêts économiques et ambitions nationales, refaire de la France un paradis énergétique, remettre le peuple au cœur de la décision politique, soutenir les familles françaises et les filières agricoles) ; 
  • le souci de transmission (prospérité nationale avec notamment la privatisation de l’audiovisuel public, écoles d’excellence, développer l’esprit entrepreneurial, enraciner les familles en permettant la transmission du patrimoine. Enfin, préserver la civilisation).

Conscients de la difficulté d’action en situation de cohabitation, le Rassemblement national compte bien utiliser « tous les leviers politiques et institutionnels que la Constitution donne au gouvernement et à sa majorité pour mettre un œuvre le projet voulu par le peuple français. » De très nombreux textes sont d’ores et déjà prêts, les autres s’élaboreront au fil des concertations. Ne faut-il pas éviter de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? 

Marie Falicon