François Asselineau : « La stratégie des médias est aujourd’hui de m’invisibiliser »
Dans cette interview exclusive accordée à Entrevue, François Asselineau, défenseur acharné du FREXIT et Président-fondateur de l’Union Populaire Républicaine (UPR), expose sans détours sa vision politique et géopolitique. Bien que ses positions soient souvent qualifiées de complotistes, il rejette catégoriquement cette étiquette, Asselineau dénonce un système politico-médiatique qu’il accuse de l’invisibiliser délibérément. Au cœur de ses thèses, l’OTAN et l’Union européenne sont pointés du doigt comme les sources des maux de la France, une analyse controversée mais défendue avec ardeur. Au fil de cette entrevue, plongeons dans l’univers politique d’un homme qui défie les conventions et propose des solutions radicales pour l’avenir de son pays et de l’Europe.
Avertissement : Les opinions exprimées dans cette interview sont celles de François Asselineau et ne représentent pas la rédaction d’Entrevue.
Entrevue : Vous accusez le coup et dénoncez régulièrement un système qui ne vous donne pas la parole. Vous imaginez sérieusement que cela résulte d’une volonté du pouvoir ?
François Asselineau : Absolument, le pouvoir en place est dominé par l’oligarchie euro-atlantiste qui contrôle la France par trois grands vecteurs : la Commission européenne, la BCE et l’OTAN. Lorsque vous vous heurtez à ces trois piliers de la politique nationale, vous avez très peu de temps de parole. Tout le monde sait que je bénéficie d’une grande expertise sur ces sujets que je dénonce depuis des années, et ainsi je bénéficie d’un traitement particulier. Pour preuve, je n’ai eu aucune seconde de temps de parole. J’ai été candidat aux présidentielles en 2017, j’ai fait près d’1 % et aux élections européennes de 2019, j’ai obtenu 1,17 %. Selon mes calculs, ces scores devraient me permettre, conformément aux règles de l’ARCOM, de bénéficier d’une présence médiatique toutes les 3 semaines dans les médias grand public. Nous sommes aujourd’hui dans un déni de démocratie. La stratégie des médias est aujourd’hui de m’invisibiliser. Pour rappel, ces médias invitent des personnes qui ne sont candidates à rien, comme Michel Onfray ou Nicolas Dupont-Aignan, qui a renoncé aux élections européennes. Observez également la couverture médiatique de Raphaël Glucksmann, qui est le candidat quasi-officiel de l’oligarchie euro-atlantiste. Il est mentionné tous les jours de façon très positive, alors que tout le monde sait que c’est un agent américain.
Vous accusez sérieusement Raphaël Glucksmann d’être un agent américain ?
Oui, bien sûr, son historique le prouve. Il a été le collaborateur de l’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili, lui-même agent de la CIA, et qui est aujourd’hui en prison. Si cela ne vous suffit pas, il suffit d’écouter ce qu’il défend. Glucksmann soutient tous les intérêts géopolitiques américains.
Vous surestimez un peu votre poids politique, non ?
Ah non ! Je remplis des salles dans toute la France, je suis très connu sur les réseaux sociaux, et la chaîne YouTube de l’UPR est la plus importante chaîne d’un parti politique, avec 450 000 abonnés et 100 millions de vues. D’autres personnalités politiques sont privées de temps de parole, mais cette stratégie me vise tout particulièrement.
Vous avez participé à de nombreuses élections et vous avez une expérience politique significative. Croyez-vous réellement en vos chances d’obtenir plus de 5 % des voix lors des prochaines élections européennes ?
Je ne sais pas quoi dire, car certains sondages me placent à 0 %, et j’attends bientôt un sondage qui nous donnera -2 %. En 2019, les sondages nous donnaient à 0,5 %, alors que nous avons obtenu 1,17 %. Depuis 2019, nos abonnés sur les réseaux sociaux ont triplé, voire quintuplé sur YouTube. Nos adhésions explosent également. Lorsque Marine Le Pen a fait un meeting à La Réunion, il y avait 90 personnes, tandis qu’à mes meetings, il y en avait 194, le même jour, à la même heure. Nous avons donc fait deux fois plus que le RN, qui selon les sondages, devrait obtenir 32 %, alors que nous sommes à 0 %. Compte tenu de ces éléments, je pense que nous devrions percer, mais le problème est que nous sommes totalement invisibilisés. Tout est fait pour entraver notre percée. Je vous informe également qu’à Paris, des sondages confidentiels circulent dans lesquels nous sommes crédités de 3,5 %.
Pourquoi n’avez-vous pas été candidat à la dernière élection présidentielle ?
Ce n’était pas un choix. J’avais un peu plus de 500 promesses de parrainages, j’avais commencé la collecte très tôt, mais en 2022, un phénomène nouveau est apparu : l’hypermédiatisation d’Éric Zemmour, avec des sondages très favorables. Mais ni lui ni d’autres n’ont réussi à réunir les parrainages nécessaires pour être candidat. À ce moment-là, François Bayrou s’est auto-désigné comme celui qui allait régler tous les problèmes. De manière anticonstitutionnelle, il s’est mis à collecter les parrainages de petits maires et à les distribuer à qui il souhaitait. J’ai donc contacté Bayrou pour lui demander ma part de parrainages, mais il a refusé et a préféré donner plusieurs centaines de parrainages à Philippe Poutou. Cela prouve que l’on craint moins Monsieur Poutou que moi.
Pour qui avez-vous voté lors des dernières élections présidentielles ?
Je n’ai pas pris position au premier tour, mais au second tour, j’ai pour la première fois voté et appelé à voter pour Marine Le Pen, surtout par opposition à Emmanuel Macron. Même si je considère que le RN est un agent du système, depuis près de 40 ans de présence au Parlement européen, on ne retient de leur action que l’attaque de Jean-Marie Le Pen à Daniel Cohn-Bendit sur des affaires de pédophilie. D’ailleurs, le RN est complètement aligné sur le narratif euro-atlantiste. Jordan Bardella est pour l’Union européenne, pour l’OTAN, pour l’Ukraine, etc. Rien ne le distingue aujourd’hui de Gabriel Attal.
Vous êtes un partisan du FREXIT. En quoi votre approche se distingue-t-elle de celle de figures telles que Florian Philippot ? Pourquoi ne pas envisager une alliance avec d’autres partisans du FREXIT ?
Il faut poser la question à ceux qui ont refusé de rallier un parti qui a été fondé dans le but spécifique de sortir de l’Union européenne, une position que nous avons défendue depuis 17 ans. Nous étions pionniers dans cette démarche. En revanche, Florian Philippot, à la même époque, a choisi de rejoindre le Front National (devenu Rassemblement National) qui était alors largement perçu comme un parti d’extrême droite. Il est devenu numéro deux de ce parti. Plus tard, il a été chassé par Marine Le Pen pour avoir tenté de créer un état dans l’état, Les Patriotes. Philippot a alors récupéré mes analyses pour en faire siennes. Malgré nos positions convergentes sur le FREXIT, il a refusé de rejoindre l’UPR. Il s’est même autoproclamé seul candidat du FREXIT lors d’une interview avec Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV en janvier 2018, une démarche que Bourdin n’a étrangement pas contestée. Il semble y avoir eu une connivence entre Bourdin et Philippot pour me marginaliser et m’invisibiliser.
Pensez-vous qu’un jour la France quittera effectivement l’Union européenne ?
Je fais tout pour, mais ce dont je suis sûr, c’est que l’Union européenne finira par s’auto-dissoudre. J’essaie de faire en sorte que la France quitte l’Union européenne en concertation avec nos partenaires, mais je crains que l’on nous en empêche. La construction européenne ressemble beaucoup à la construction socialiste : ça ne marche pas, mais on continue d’aller de l’avant.
Y a-t-il au moins un aspect positif que vous retenez de l’Union européenne ?
Lors de la première élection européenne en 1979, j’avais 22 ans et j’étais étudiant à HEC. J’ai voté pour la liste pro-européenne de Simone Veil, comme tous les étudiants, j’étais pour la paix et l’ouverture. Il faut reconnaître que dans les débuts, l’UE a eu l’avantage de faire baisser les tensions au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Il y avait une ouverture sur le monde, mais avec des États qui conservaient leur souveraineté. Aujourd’hui, cela a totalement disparu pour laisser place à une dictature.
Comment prévoyez-vous de gérer les conséquences économiques immédiates d’un retrait de l’UE, telles que les perturbations commerciales et les fluctuations des marchés financiers ?
On disait la même chose pour le Royaume-Uni : que tout allait s’effondrer et qu’ils allaient se couper du reste du monde. C’est justement le contraire qui s’est produit. Le Royaume-Uni est aujourd’hui le quatrième exportateur mondial, ayant dépassé la France. Le rapport de la France ne se limite pas à l’Union européenne. Au contraire, en restant dans l’UE, la France se coupe de ses amitiés séculaires avec le Liban, le Maghreb, l’Afrique francophone, etc. Nous perdons pied dans tous ces pays. Les gens dans le monde se disent que la France est en train de disparaître.
Vous prenez les Britanniques en exemple, mais eux sont restés dans l’OTAN, et vous souhaitez quitter l’UE et l’OTAN ?
En 1966, De Gaulle imaginait que l’OTAN se dissoudrait à la disparition du communisme. C’était pourtant un visionnaire et un grand homme politique, mais il avait sous-estimé le degré de vassalisation des peuples européens. Loin de se dissoudre, l’OTAN a poussé son avantage. Aujourd’hui, l’OTAN est l’un des outils majeurs qui permet aux États-Unis de décider du périmètre de l’Union européenne. Il faut donc que la France quitte l’OTAN et l’UE.
Sur le conflit qui fait suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, vous semblez être pro-russe ?
Je sais que mes positions sont jugées comme pro-russes, mais je suis pro-vérité. En France, vous ne pouvez plus avoir une position réfléchie sans être attaqué. On ne peut pas comprendre le conflit russo-ukrainien sans savoir ce qu’est l’Ukraine, un pays créé dans les années 1920 par Staline. Ce pays est composé, au nord-ouest, de gens qui détestent les Russes et regardent vers l’Ouest, et, au sud-est, de gens qui regardent vers l’Est.
Mais quelle solution proposez-vous alors sur cette guerre ?
Il faut arrêter d’armer et de financer l’Ukraine, et il faut reconnaître que les zones peuplées de Russes depuis plus de deux siècles, comme le Donbass et la région d’Odessa, doivent être russes. Le reste de l’Ukraine doit être un pays indépendant sous garantie internationale et doit se garder d’entrer dans toutes formes d’agressivité avec la Russie. Par conséquent, elle ne doit pas rejoindre l’OTAN ni l’Union européenne, afin de maintenir un statut de neutralité semblable à celui de la Suisse. Mais la solution passera par l’élection présidentielle américaine : Donald Trump mettra fin à la guerre en 48 heures en mettant un terme à l’aide à l’Ukraine.
Propos Recueillis par Radouan Kourak