Pete Doherty : « La seule façon de rester en bonne santé, c’est d’être sobre et s’abstenir. Ça demande beaucoup de volonté. »
Pete Doherty, l’enfant terrible du rock britannique, a bien changé ! Longtemps poursuivi par son image de rockeur décharné, miné par la drogue et l’alcool, il arbore aujourd’hui un look bien différent, avec des cheveux grisonnants, une moustache et un surpoids dû à son sevrage. Alors qu’il vient de terminer l’enregistrement de son prochain album avec son groupe The Libertines, qui sort début 2024, il se confie et nous parle de sa nouvelle vie…
Entrevue : Bonjour Pete. Tu vis désormais en France, à Étretat, en Normandie , avec ton épouse Katie de Vidas. Tu as changé de vie depuis ton époque marquée par les nombreux excès ?
Pete Doherty : Oui. Je suis installé en Normandie avec ma femme, j’élève des poules et des chiens et nous venons d’accueillir une petite fille. J’essaye d’être sobre…
Avec ton groupe The Libertines, tu viens de terminer l’enregistrement de votre prochain album, qui sort début 2024. Un album composé dans votre hôtel, The Albion Rooms, à Margate ( Angleterre ). Parle-nous de ce lieu…
Avec Carl Barât ( membre de The Libertines et copropriétaire de l’hôtel, Ndlr. ), on a transformé cet hôtel victorien en Bed & Breakfast gothique-hipster populaire, avec une salle de concert. C’est devenu le QG de notre groupe, dédié à la musique. Dans les chambres, il n’y a pas de télévision. Dans chaque pièce, on trouve des livres, des disques et un tourne-disque.
Tu as été banni de ton propre hôtel. Pourquoi?
À un moment, je n’étais en effet plus autorisé à entrer dans l’hôtel. Carl Barât n’a pas apprécié que je fasse entrer certaines personnes. C’était devenu un endroit d’anéantissement et de chaos, et j’ai donc été moi-même banni…
On rapporte que juste après, tu as dormi dans des conteneurs…
Oui, c’est vrai. J’ai vécu dans un conteneur de stockage à Ramsgate. J’en ai testé plusieurs : un conteneur situé sous l’autoroute Westway, un à Hambourg, un à Porto Rico. Mais celui de Ramsgate était de loin le meilleur. Il y avait même de l’électricité et une serrure ! ( Rires )
Revenons à la musique. En Angleterre, certaines critiques ont été assez virulentes sur le retour au premier plan des groupes de Britpop tels que Blur, Pulp et le tien, The Libertines. Selon toi, la Britpop n’est pas morte ?
Non, la Britpop n’est pas morte ! Ceux qui veulent nous enterrer, c’est comme s’ils essayaient de mettre Jésus au repos. Et regardez ce qui s’est passé : Jésus est revenu d’entre les morts ! Je considère ceux qui font de la Britpop comme des Dieux vivants : Jarvis Cockers, Graham Coxons, Damon Albarns, voire même les frères Gallagher. Pourquoi nous priverions-nous du plaisir d’une musique intemporelle ?
Durant ta carrière, on a souvent parlé de toi pour tes excès. Pourtant, tu es le fils de parents militaires et tu as été élevé dans un milieu très strict. Ça a créé une frustration chez toi ?
Dans ma jeunesse, je n’avais pas le droit d’assister à des festivals de musique. C’était des fruits défendus, une sorte de royaume mystique d’aventure et d’émerveillement. Quand j’étais enfant, je me suis toujours juré qu’un jour, je jouerai moi-même dans un festival…
C’est ce que tu as réussi à faire. Avec les dérives qui ont suivi…
Oui. Au plus bas, j’ai même failli perdre mes pieds, juste à cause des injections de drogue. C’est ce qui arrive lorsque vous n’arrivez même plus à trouver vos veines pour vous piquer. Mais tout cela semble loin maintenant… J’ai été pris dans un tourbillon. Au sommet de ma notoriété, j’avais parfois l’impression d’être trimballé comme une putain de boîte de conserve utilisée comme un cendrier lors d’une fête…
Durant tes années chaotiques, tu as été traqué par les paparazzis. Je crois savoir que le voyage à New York et Harry et Meghan t’a rappelé ces années-là, et que tu as quelques conseils à leur transmettre…
Oui. Ça m’a vraiment interpellé de voir le prince Harry dans cette étrange course-poursuite en voiture à grande vitesse à travers New York. Quand j’ai vu cela, ça m’a donné envie de donner des conseils très simples à Harry et Meghan. Je leur suggère de payer des gamins dans les rues pour attaquer les voitures des paparazzi. C’est radical !
C’est ce que tu faisais toi-même ?
J’avais l’habitude d’avoir sur moi un vieux bâton de policier, et je chargeais les paparazzis avec ça. Ça me manque. J’avais aussi une vieille lance zoulou qui m’a été utile à plusieurs reprises…
Tu as récemment posté une vidéo sur Instagram dans laquelle tu expliques comment les bains de glace et les exercices de respiration t’aident à te débarrasser des envies de crack et d’héroïne… Tes démons continuent de te poursuivre malgré tes efforts pour mener une nouvelle vie ?
J’ai conscience que la seule façon de rester en bonne santé, c’est d’être sobre et s’abstenir. Mais pour moi, ça demande beaucoup de volonté et de discipline. Ce n’est pas facile…
La vie en France t’apaise aujourd’hui ?
Oui. Le rythme calme et décontracté de la vie française me convient mieux que celui de Londres. Voir ma petite fille m’apaise. Elle mange, dort et mène une petite vie plutôt charmante. Quand je la regarde, je pense intérieurement : « Toi, tu ne seras jamais aussi heureuse qu’en ce moment. » Je n’arrête pas de lui dire ça. Ce à quoi ma femme me répond : « Ne dis pas ça ! Notre fille va avoir une vie bien remplie et de nombreux moments de bonheur ! »
Tu es heureux aujourd’hui ?
Oui, je suis dans un état de bonheur perpétuel. Tout ce dont j’ai besoin pour être heureux en ce moment, c’est ma collection d’essais de Hunter Thompson, ma matraque de policier et mon nouveau-né ! (Rires)