La journée de lundi a viré à l’inquiétude dans plusieurs établissements scolaires du sud de la France. Quatre lycées ont été la cible de menaces terroristes et d’alertes à la bombe, diffusées via l’application Pronote, outil central de la vie scolaire permettant aux élèves de consulter leurs notes ou d’échanger avec les enseignants. Des messages glaçants, dont un appel explicite au djihad, ont été envoyés depuis des comptes piratés d’enseignants.
Le lycée Honoré Daumier, à Marseille, a été l’un des premiers visés. Le message évoque sans ambiguïté une volonté de frapper pour la gloire d’Allah et l’établissement du califat. L’auteur y appelle les « mujahideen » à se rassembler à Martigues. Une rhétorique radicale, violente, diffusée sur un canal scolaire, à destination d’élèves. Le compte d’un professeur a été utilisé pour diffuser l’appel, laissant penser à un piratage ciblé et préparé.
D’autres lycées ont été visés dans la foulée : Gallieni à Fréjus, Jean Lurçat à Martigues et Paul Arène à Sisteron. À Fréjus, l’établissement a été évacué par précaution, pendant qu’une levée de doute était effectuée par les forces de l’ordre. Ailleurs, la tension était palpable, mais les cours ont pu reprendre. Dans tous les cas, les menaces sont prises au sérieux, même si la piste de fausses alertes est, pour l’heure, privilégiée.
Le président de la région Sud, Renaud Muselier, a immédiatement réagi : « Ces faits sont d’une extrême gravité. Nous prenons toutes les mesures nécessaires pour sécuriser nos lycées. » Il a tenu à rassurer élèves et familles, notamment sur le bon déroulement des épreuves du bac blanc, qui doivent se poursuivre dans un climat sécurisé.
Cet épisode rappelle tristement les événements de mars 2024, où des dizaines d’établissements scolaires à travers la France avaient été la cible de piratages des ENT, accompagnés de contenus violents, dont une vidéo de décapitation. Des milliers d’élèves avaient alors été évacués, et les services de cybersécurité mobilisés.
La menace, cette fois encore, semble numérique, mais elle n’en est pas moins anxiogène. L’utilisation d’outils scolaires comme vecteurs d’idéologie ou de panique constitue une dérive inquiétante, qui touche de plein fouet l’espace éducatif. Une enquête est en cours pour identifier les auteurs de ces actes et comprendre comment l’accès aux environnements numériques a pu être compromis. En attendant, dans les lycées concernés, c’est la vigilance et la sidération qui dominent.