Depuis son retour à la Maison-Blanche il y a deux mois, les entreprises commerciales du président américain Donald Trump connaissent des fortunes diverses à travers le monde. Alors que ses affaires prospèrent en Inde, ses terrains de golf en Irlande et en Écosse ont été vandalisés, tandis que ses projets en Indonésie ont subi un revers.
Habitué à mêler affaires et politique, Trump a récemment fait face aux risques de cette approche lorsqu’une façade du luxueux club de golf Trump Turnberry en Écosse a été aspergée de peinture rouge, des portions de gazon ont été arrachées et un message en lettres capitales y a été inscrit : « Gaza n’est pas à vendre ».
Un groupe pro-palestinien a revendiqué cet « acte de résistance », affirmant qu’il s’agissait d’une réponse à la proposition de Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza, d’en expulser la population et de la transformer en une « Riviera du Moyen-Orient ».
Un autre terrain de golf appartenant à Trump, situé en Irlande, a également été ciblé la semaine dernière, lorsque des militants y ont planté des drapeaux palestiniens.
Cependant, l’administration du domaine de Doonbeg affirme que le club de golf enregistre un nombre record de demandes d’adhésion depuis le retour de Trump à la présidence.
Une marque de luxe
À l’autre bout du monde, sur l’île tropicale de Bali, les mauvaises herbes ont envahi le complexe de golf Nirwana, pour lequel l’organisation Trump avait signé en 2015 un accord avec un partenaire local afin de développer une destination six étoiles.
Le complexe a fermé ses portes deux ans plus tard, entraînant la perte d’emplois pour les travailleurs locaux. Depuis, l’empire familial de Trump s’est associé à des partenaires indonésiens dans un vaste projet immobilier près de la capitale, Jakarta.
Mais ce projet luxueux, baptisé « Lido City », a également rencontré des difficultés. En février, le gouvernement indonésien a suspendu ce projet d’un milliard de dollars en raison de violations environnementales. Malgré cela, un terrain de golf sous la marque Trump devrait prochainement ouvrir sur le site en partenariat avec un groupe local.
L’agence de presse française (AFP) a cité Yohanes Kinawas, professeur de sciences politiques à l’Université Atma Jaya en Indonésie, qui a déclaré que « Trump en tant que marque n’est pas très connu en Indonésie, contrairement à Trump en tant que président ».
L’Inde, en revanche, présente un tout autre tableau. Les tours luxueuses Trump scintillent à travers les ciels embrumés de Mumbai, New Delhi, Calcutta et Pune, faisant du pays le marché étranger le plus important pour l’organisation Trump.
Comme aux Philippines, en Turquie, en Corée du Sud et en Uruguay, la famille du milliardaire américain n’investit pas directement dans ces projets immobiliers, qui sont développés et gérés par des promoteurs locaux. En échange, elle perçoit des millions de dollars en redevances pour l’utilisation de sa marque, perçue par l’élite indienne nouvellement fortunée comme un symbole de luxe et de réussite.
Anuj Puri, président de la société de conseil immobilier Anarock, a déclaré à l’AFP : « Je pense que sa marque est devenue beaucoup plus grande, surtout après son retour pour un second mandat. » Il a ajouté que Trump bénéficie d’une couverture médiatique plus importante que n’importe quel autre politicien indien.
Un nouveau projet de bureaux et de commerces sous la marque Trump a été annoncé cette semaine à Pune, s’ajoutant aux plans de construction de cinq nouvelles tours Trump à travers l’Inde dans les années à venir.
Un conflit d’intérêts ?
Comme lors de son premier mandat, Trump, âgé de 78 ans, a officiellement confié la gestion de ses affaires à ses enfants durant sa présidence, mais cela ne dissipe pas les inquiétudes quant à d’éventuels conflits d’intérêts.
Dipanshu Mohan, professeur à l’Université O.P. Jindal Global en Inde, explique : « La présidence de Trump repose sur des transactions, transformant les États-Unis en un État à hiérarchie sociale où les frontières entre le domaine public et privé s’estompent. »
Il ajoute : « C’est ainsi que fonctionne le gouvernement Trump, et c’est ce qu’il attend de ses alliés. L’Inde a également répondu à cet appel en se rapprochant de Trump. »
Une relation d’amitié s’est d’ailleurs développée entre Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi lors de sa dernière visite à Washington.
En janvier dernier, l’organisation Trump s’est engagée à ne conclure « aucune nouvelle transaction avec des gouvernements étrangers » durant le second mandat de Trump, à l’exception des « transactions habituelles ».
Elle a précisé que toutes les recettes générées par des opérations telles que l’hébergement de dignitaires étrangers dans les propriétés de Trump seraient reversées au Trésor américain. Mais les limites de cet engagement restent floues.