En Indonésie, l’influenceuse transgenre Ratu Thalisa, connue sous le pseudonyme de “Ratu Entok”, a été condamnée à trente-quatre mois de prison pour “incitation à la haine religieuse”. En cause : une remarque ironique faite lors d’un live TikTok en octobre 2024, où elle a suggéré que Jésus-Christ aurait pu se couper les cheveux pour ne pas ressembler à une femme.
Cette phrase, prononcée en réponse à un internaute lui demandant de raccourcir sa chevelure pour paraître plus masculine, a été jugée offensante par cinq associations chrétiennes. Celles-ci ont aussitôt saisi la justice à Medan, dans le nord de Sumatra, où réside l’influenceuse. Le tribunal, considérant que ses propos avaient “troublé l’ordre public et l’harmonie entre les religions”, a tranché en faveur des plaignants.
Suivie par plus de 400 000 abonnés sur TikTok, Ratu Thalisa s’était fait connaître pour ses vidéos sur la beauté, le style et le bien-être. Son procès et sa condamnation ravivent aujourd’hui un débat sensible en Indonésie : celui de la liberté d’expression face aux lois anti-blasphème.
L’Indonésie est officiellement un État multiconfessionnel, avec six religions reconnues. Mais les lois en vigueur, notamment l’article 156a du Code pénal, permettent de punir tout acte ou parole jugé offensant envers une religion. Les minorités religieuses et les défenseurs des droits humains dénoncent régulièrement ces textes, estimant qu’ils peuvent être utilisés pour censurer, réprimer ou intimider.
Le cas de Ratu Entok intervient dans un climat politique et religieux de plus en plus conservateur, notamment envers les communautés LGBT+, régulièrement visées par des campagnes de haine en ligne ou des pressions judiciaires. Son avocat a annoncé son intention de faire appel.