Une étude récente publiée dans la revue Nature a révélé des traces d’Homo sapiens datant de 150 000 ans à Anyama, un quartier d’Abidjan. Cette découverte repousse considérablement la présence attestée de notre espèce en forêt tropicale, jusqu’ici estimée à seulement 70 000 ans en Asie et en Océanie. Les fouilles menées par l’archéologue ivoirien François Guédé Yiodé et une équipe internationale ont permis d’exhumer des outils lithiques du Paléolithique, confirmant une occupation humaine ancienne dans cet environnement dense et humide.
Ces artefacts, taillés dans du silex et du quartz, démontrent l’adaptation des premiers Homo sapiens à la forêt africaine, remettant en question l’idée selon laquelle ces régions représentaient une barrière écologique majeure à leur expansion. Toutefois, malgré l’importance de cette découverte, le soutien des autorités ivoiriennes reste limité. François Guédé Yiodé, qui conserve encore ces vestiges chez lui, regrette le manque de financements locaux et plaide pour la création d’un musée dédié à la préhistoire en Côte d’Ivoire.
Si cette trouvaille met en lumière l’importance de l’Afrique de l’Ouest dans l’histoire humaine, elle révèle aussi la précarité de la recherche archéologique dans le pays. Faute de moyens, une partie des analyses a dû être réalisée en Europe. Cette situation, dénoncée par plusieurs spécialistes, reflète le faible investissement dans l’archéologie locale. Pourtant, selon Eugénie Affoua Kouamé, chercheuse à l’Institut d’histoire, d’art et d’archéologie africains, cette étude pourrait encourager de nouvelles vocations et inciter à une meilleure préservation du patrimoine ivoirien.