Les Européens achètent des armes américaines à tour de bras, mais ce que beaucoup ignorent, c’est que Washington conserve une mainmise discrète – mais redoutablement efficace – sur ces équipements. Derrière l’étiquette « alliance stratégique » se cache en réalité une dépendance qui pourrait coûter cher à l’autonomie militaire du Vieux Continent.
D’abord, il y a la loi ITAR, un cadre juridique qui permet aux États-Unis de contrôler la réexportation des armes contenant le moindre composant américain. Vous avez acheté un F-16 ou un missile Patriot ? Très bien, mais si vous voulez l’envoyer à un allié en difficulté, il faudra d’abord demander la bénédiction de Washington. Et en cas de désaccord politique, autant dire que l’autorisation pourrait se perdre dans les méandres de la bureaucratie.
Ensuite, il y a la question de la maintenance et des pièces détachées. Impossible d’entretenir des systèmes d’armement comme les lance-roquettes Himars ou les batteries Patriot sans les précieuses pièces de rechange, fournies au compte-gouttes par les Américains. En cas de conflit d’intérêts, le robinet pourrait être coupé, laissant les alliés européens avec du matériel hors service.
Mais le plus inquiétant reste le contrôle technologique. Certains équipements, comme les F-35, nécessitent des mises à jour régulières via des systèmes sous supervision américaine. Théoriquement, Washington pourrait restreindre à distance certaines fonctionnalités critiques, transformant ces avions de chasse dernier cri en coûteux presse-papiers volants.
Face à ces révélations, des voix s’élèvent en Europe. Airbus alerte sur cette dépendance et milite pour le développement de solutions alternatives. La France pousse pour des armements 100 % européens, tandis que d’autres, comme l’Allemagne, restent contraints de suivre la ligne américaine pour préserver leur compatibilité avec les forces de l’OTAN.
Au final, les États-Unis ne vendent pas seulement des armes : ils vendent un accès… qu’ils peuvent verrouiller à tout moment. Un détail qui fait réfléchir sur la souveraineté militaire européenne et sur la nécessité, peut-être, de reprendre la main sur ses propres défenses.