L’énergéticien français EDF a bouclé l’année 2024 avec un bénéfice record de 11,4 milliards d’euros, confirmant son redressement après une année 2022 marquée par des niveaux historiquement bas de production nucléaire et hydraulique. Grâce à la remise en service de plusieurs réacteurs affectés par des problèmes de corrosion et à une meilleure disponibilité de ses barrages, le groupe a su tirer parti d’un contexte plus favorable. Toutefois, son chiffre d’affaires a reculé de 15,7 %, s’établissant à 118,7 milliards d’euros, tandis que son indicateur de rentabilité (EBITDA) a chuté de 8,5 % en raison d’une baisse des prix de l’électricité. EDF anticipe une stabilisation de sa production nucléaire entre 350 et 370 TWh pour les trois prochaines années, un niveau similaire à celui de 2024.
Malgré ces performances financières solides, EDF reste confronté à une dette colossale de 54,3 milliards d’euros, un fardeau qui pourrait peser sur ses ambitions de développement. L’une des priorités du groupe demeure le programme des six nouveaux réacteurs EPR2, dont le financement est encore en discussion avec l’État. Initialement attendu dans les mois à venir, le devis prévisionnel du projet, estimé à plus de 100 milliards d’euros, a été repoussé, et les décisions définitives ne devraient pas intervenir avant 2025. Un Conseil de politique nucléaire est prévu le 19 mars à l’Élysée pour évoquer les modalités de financement et le calendrier de ces nouvelles infrastructures stratégiques pour la souveraineté énergétique française.
EDF doit également composer avec les turbulences du marché international, notamment aux États-Unis où l’administration Trump a gelé les permis d’exploitation pour plusieurs projets éoliens offshore. Cette décision a conduit l’énergéticien à enregistrer une dépréciation de 900 millions d’euros sur le projet Atlantic Shores, mené en partenariat avec Shell. Ce coup dur souligne les incertitudes qui pèsent sur le développement des énergies renouvelables, alors que le groupe cherche à diversifier son mix énergétique pour répondre aux défis de la transition écologique.