L’Assemblée nationale se prépare à voter ce mardi 12 novembre la première partie du budget de l’État pour 2025, dédiée aux recettes. Ce vote pourrait bien acter un rejet, alors que le texte proposé est désormais très différent de la version initialement présentée par le Premier ministre, Michel Barnier, en octobre. Après plusieurs victoires remportées par les oppositions, en particulier par la gauche, le projet comporte de nouvelles taxes qui ont transformé les prévisions de recettes et suscité une vive controverse dans l’hémicycle.
Le texte du gouvernement a été largement modifié : des nouvelles taxes sur les superprofits, les rachats d’actions, et les patrimoines des milliardaires ont été intégrées. Les prévisions de recettes supplémentaires, estimées par le ministre du Budget Laurent Saint-Martin à environ 35 milliards d’euros, ramènent le déficit prévu pour 2025 à 85 milliards d’euros. Cependant, Laurent Saint-Martin a qualifié cette amélioration d’« artificielle », critiquant les mesures ajoutées par l’opposition, certaines d’entre elles pouvant être « euro-incompatibles » ou inconstitutionnelles.
Rejet probable et rôle déterminant du Sénat
La majorité gouvernementale (EPR, MoDem, Horizons, Droite républicaine) pourrait s’opposer à cette version, tandis que le Nouveau Front populaire (NFP) de la gauche prévoit de la soutenir pour valider ses avancées obtenues durant les débats. Le Rassemblement national (RN), arbitre potentiel de ce vote, semble également incliné à voter contre en raison de l’alourdissement fiscal que ce budget implique. En cas de rejet, le projet de loi sera directement transmis au Sénat, où Michel Barnier bénéficie d’une large majorité. Le Sénat pourrait alors revenir à la version initiale, moins chargée en nouvelles taxes, et restreindre les mesures introduites par l’Assemblée.
Le « socle commun » réunissant les Républicains et les soutiens de Barnier s’est montré divisé. Certains membres ont soutenu des modifications visant à alléger les allègements de charges et à augmenter la surtaxe sur les hauts revenus, créant ainsi une fragmentation du bloc central.
Si le volet « recettes » est adopté, l’Assemblée s’attaquera sans attendre à la partie « dépenses » du budget de l’État, qui devra être validée d’ici le 21 novembre. Le Sénat jouera alors un rôle clé dans la suite des débats, promettant un retour à une version plus favorable au gouvernement.