7 mars 1966 : De Gaulle retire la France du commandement intégré de l’OTAN

Entrevue 1

Le 7 mars 1966, le président Charles de Gaulle annonce au président américain Lyndon B. Johnson la sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN. Cette décision, qui s’inscrit dans une politique de souveraineté nationale, vise à libérer la France de la tutelle militaire américaine tout en restant membre de l’Alliance atlantique. Elle entraîne le départ des troupes américaines et canadiennes du territoire français et le transfert du siège de l’OTAN de Paris à Bruxelles. Pour de Gaulle, il s’agit de refuser toute subordination stratégique à Washington et d’affirmer l’autonomie de la défense nationale, notamment par le développement de la force de frappe nucléaire française.

Une volonté d’émancipation et une rupture stratégique

Dès son retour au pouvoir en 1958, Charles de Gaulle critique le fonctionnement de l’OTAN, qu’il juge dominé par les États-Unis. Il réclame une refonte de l’Alliance, en proposant une gouvernance tripartite avec le Royaume-Uni et les États-Unis, mais se heurte à un refus catégorique. Convaincu que la défense de la France doit être indépendante, il accélère le développement d’une politique militaire autonome, symbolisée par la force nucléaire française. Le contexte international de la détente entre l’Est et l’Ouest et la fin de la guerre d’Algérie renforcent sa conviction que la France doit s’affranchir des décisions imposées par Washington. En 1966, il officialise son choix, provoquant un bouleversement au sein de l’Alliance atlantique.

Un impact durable et une réintégration tardive

Ce retrait modifie profondément les équilibres stratégiques. L’OTAN réorganise sa structure, et les bases américaines en France sont démantelées. Toutefois, la France conserve ses forces en Allemagne et reste un allié clé du bloc occidental. Pendant plus de quarante ans, elle adopte une posture singulière, coopérant avec l’OTAN sans participer à sa structure de commandement. Ce n’est qu’en 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que la France réintègre pleinement l’organisation militaire intégrée, mettant fin à une politique d’indépendance stratégique initiée par de Gaulle en 1966.

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