Les Français et le chômage : un fossé entre perceptions et réalité
Un baromètre annuel publié par l’Unédic ce mardi révèle un décalage frappant entre la perception qu’ont les Français du chômage et sa réalité. Cette méconnaissance des droits à l’assurance chômage, combinée à des préjugés persistants, illustre les défis en matière de compréhension et de communication sur ce sujet complexe.
Une connaissance limitée des droits à l’assurance chômage
Selon l’étude réalisée par Elabe auprès de 4 500 personnes, dont 1 500 demandeurs d’emploi, seulement quatre actifs sur dix déclarent être certains de leurs droits à l’assurance chômage. Une majorité reste incertaine, avec 30 % convaincus d’y avoir droit, mais 9 % persuadés du contraire. Cette confusion s’explique en partie par la complexité du système, qui a connu plusieurs réformes ces dernières années.
Pour Patricia Ferrand, vice-présidente de l’Unédic, les Français ne cherchent pas nécessairement à maîtriser les détails techniques, mais souhaitent avant tout savoir s’ils seront couverts en cas de perte d’emploi. Une préoccupation partagée par 28 % des sondés, qui jugent probable de connaître une période de chômage dans les deux prochaines années, un chiffre en hausse de quatre points par rapport à 2023.
Des idées reçues persistantes malgré des chiffres éclairants
Le baromètre met également en évidence des préjugés tenaces sur le chômage et les demandeurs d’emploi. Par exemple, 46 % des Français estiment que les allocations chômage constituent un frein au retour à l’emploi. Cependant, ce chiffre chute à 39 % lorsque les sondés apprennent que plus d’un chômeur sur deux retrouve un emploi avant la fin de ses droits.
De même, la durée des droits, perçue comme « trop longue » par 47 % des répondants, est jugée plus raisonnable (38 %) après avoir été informés qu’elle est en moyenne de dix mois. Enfin, 37 % des Français pensent que « la plupart des chômeurs fraudent », une opinion qui diminue légèrement (35 %) lorsque l’on précise que 60 % des demandeurs d’emploi ne touchent pas d’allocation.
Malgré tout, certaines idées reçues restent difficiles à combattre. Ainsi, 36 % considèrent les chômeurs comme des « assistés », une proportion qui ne baisse que de quatre points (32 %) après confrontation aux chiffres montrant qu’un demandeur d’emploi sur deux exerce une activité professionnelle.
Une perception erronée des chiffres du chômage
L’étude révèle aussi une méconnaissance de la situation réelle des demandeurs d’emploi. Près de neuf Français sur dix surestiment la proportion de chômeurs indemnisés, évaluée à 40 %, et seuls 6 % estiment correctement ce chiffre. De plus, le taux de chômage, actuellement de 7,4 % selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est largement surestimé par les Français, qui l’évaluent en moyenne à 15,3 %.
Le montant moyen des allocations, de 1 035 euros, est également méconnu. Seuls 36 % des Français situent correctement cette somme dans une fourchette de 900 à 1 099 euros, tandis que 37 % la surestiment.
Malgré ces préjugés, une majorité de Français (60 %) restent attachés au modèle français d’assurance chômage, un chiffre en hausse de trois points par rapport à 2023. Ce système est perçu comme un facteur de sécurité, facilitant les transitions professionnelles. Ainsi, trois Français sur quatre estiment que l’existence des allocations réduit les risques liés à un changement d’entreprise ou une reconversion.
Pour Jean-Eudes Tesson, président de l’Unédic, il est essentiel de renforcer la pédagogie autour du système d’assurance chômage. « Faire connaître les réalités du chômage peut contribuer à réduire les préjugés et renforcer la confiance dans le système », a-t-il déclaré en conclusion de la présentation de l’étude.
Ce baromètre souligne l’importance de mieux informer les Français, non seulement pour corriger les idées reçues, mais aussi pour les rassurer sur leur protection face à un risque qui les concerne de plus en plus.