Taux de participation en Algérie : 10 % réels contre 48 % officiels, une élection sous tension

Entrevue 1

Les élections présidentielles du 7 septembre 2024 en Algérie se sont déroulées dans un climat tendu, avec des taux de participation très controversés. D’après des sources gouvernementales françaises, seulement 10 % des électeurs algériens se seraient rendus aux urnes, une estimation largement en deçà du chiffre officiel de 48,03 % annoncé par le régime. Le président sortant Abdelmadjid Tebboune, réélu avec un score de 94 %, fait face à des accusations de fraude de la part des autres candidats et d’une grande partie de la population.

Une crise de confiance

Ce scrutin semble confirmer une rupture profonde entre le régime et la société. Alors que les autorités espéraient un taux de participation plus élevé pour renforcer la légitimité du processus, les Algériens, dans leur majorité, ont choisi de boycotter cette élection. L’écart entre les chiffres officiels et les estimations externes, couplé à des incohérences dans le déroulement du vote, alimente les suspicions de manipulation.

Les trois candidats, dont Tebboune lui-même, ont critiqué la gestion de l’élection par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Ils dénoncent des « incohérences majeures » dans les résultats, ce qui constitue un précédent dans l’histoire électorale algérienne. Pour beaucoup, ces critiques internes révèlent des dysfonctionnements profonds du système politique en place.

Abdelmadjid Tebboune, qui aura 80 ans en novembre, a été réélu dans un moment particulièrement sensible pour l’Algérie. Sur la scène internationale, le pays peine à s’imposer, comme en témoigne son échec à rejoindre les BRICS en 2023, bien qu’elle ait récemment obtenu un siège à la banque des BRICS. Par ailleurs, les tensions régionales s’aggravent, notamment avec le Mali et le Maroc, et exacerbent les défis que doit affronter le pouvoir algérien.

Les failles d’un système opaque

La contestation ne se limite pas aux résultats du scrutin. Les conditions dans lesquelles l’élection a eu lieu sont elles aussi critiquées. La mise à l’écart de certains candidats potentiels et la mainmise du régime sur l’ANIE suscitent des doutes sur l’indépendance réelle de l’instance. De plus, la campagne a été entachée par des accusations de manipulation des résultats.

Certains analystes évoquent la possibilité d’un « complot » interne, où des acteurs du pouvoir auraient cherché à créer un scandale délibéré en falsifiant les résultats de manière flagrante. Cette hypothèse semble se confirmer, alors que plusieurs membres des équipes de candidats ont pu constater des écarts entre les procès-verbaux locaux et les annonces officielles de l’ANIE.

La faible participation des Algériens, couplée aux tensions internes, plonge le pays dans une crise politique profonde. Le régime peine à mobiliser, et la méfiance généralisée à l’égard des structures de pouvoir pourrait fragiliser davantage l’État. Certains observateurs, comme le parti Jil Jadid, voient dans cette situation une menace directe pour la sécurité nationale.

Alors que l’Algérie peine depuis 2019 à redéfinir son avenir politique après l’ère Bouteflika, les récents événements illustrent la difficulté de rétablir un lien de confiance entre les institutions et les citoyens.

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