« Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille », disait Jacques Chirac. Depuis quelques jours, elles fondent sur l’Europe, venues des États-Unis, aussi sûrement que les alouettes au printemps. La photo de Donald Trump, poing en l’air, oreille en sang, marque un retour en force du candidat républicain pour l’élection présidentielle de novembre. Mais ce qui inquiète davantage les dirigeants européens, c’est la désignation de son colistier, le sénateur de l’Ohio, J.D. Vance, un fervent isolationniste et critique de l’aide à l’Ukraine.
Un tandem inquiétant pour l’Europe
Donald Trump a choisi J.D. Vance comme colistier, un choix qui accentue sa politique étrangère isolationniste. Vance, plus radical que Trump en matière de politique étrangère, s’oppose fermement à l’aide militaire à l’Ukraine, affirmant que les États-Unis n’ont pas les ressources pour soutenir indéfiniment ce conflit. Il prône une fin négociée de la guerre, même si cela signifie que l’Ukraine doit abandonner les territoires occupés par la Russie. Cette position inquiète profondément les pays européens, qui comptent sur le soutien américain face à l’agression russe.
Réorienter les priorités américaines
Vance critique également la dépendance militaire de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Il estime que cette dépendance a affaibli la sécurité européenne et fustige les pays européens qui ne consacrent pas les 2 % requis par l’Otan à leur budget de la défense. Sa vision rejoint celle de Trump : un « America First » qui ne voit pas la Russie comme une menace existentielle et qui encourage un pivot américain vers l’Asie de l’Est, jugée plus stratégique pour les décennies à venir.
Conséquences pour l’Ukraine et l’Europe
Pour l’Ukraine, un tandem Trump-Vance signifierait probablement la fin du soutien militaire américain. Vance, ancien Marine, a déjà bloqué une aide de 60 milliards de dollars au Sénat et critique régulièrement l’engagement américain en Ukraine. La Maison-Blanche sous Trump-Vance ne miserait plus sur les alliances internationales, ce qui isolerait davantage l’Europe et compliquerait ses efforts pour contrer l’agression russe.
Répercussions économiques et politiques
Vance soutient également des politiques économiques protectionnistes, prônant des droits de douane accrus et une réduction des fusions avec des entreprises internationales. Il appuie sans réserve la stratégie de Trump d’augmenter les taxes sur les produits chinois, ce qui pourrait envenimer la guerre commerciale avec Pékin et avoir des répercussions sur les relations commerciales entre les États-Unis et l’Europe.
Une Europe poussée à réagir
Le retour possible de Trump, renforcé par son alliance avec Vance, pourrait pousser l’Europe à revoir sa posture. Jusqu’à présent, l’Europe s’est souvent reposée sur la protection américaine, négligeant de renforcer ses propres capacités militaires. Cette nouvelle donne pourrait obliger les pays européens à accroître leurs budgets de défense et à prendre en main leur sécurité, plutôt que de rester dépendants de Washington.
En somme, le duo Trump-Vance place l’Europe devant ses responsabilités. Le Vieux Continent doit désormais choisir entre continuer à dépendre des États-Unis ou se réveiller et assumer pleinement sa part dans la sécurité mondiale. Les prochaines élections américaines pourraient bien marquer un tournant décisif pour l’avenir des relations transatlantiques et la sécurité en Europe.