La dette publique française continue son inexorable ascension, atteignant désormais 3 303 milliards d’euros, soit 113,7 % du PIB au troisième trimestre 2024, selon les données publiées ce vendredi par l’Insee. Une situation alarmante qui illustre les échecs cumulés des politiques publiques et la dérive d’un modèle économique fondé sur l’endettement chronique.
Une dette hors de contrôle
En seulement trois mois, la dette a augmenté de 71,7 milliards d’euros, après une hausse déjà conséquente de 69 milliards au trimestre précédent. Le principal responsable ? L’État, dont la dette bondit de près de 60 milliards, atteignant 2 690,5 milliards d’euros. Les administrations de sécurité sociale, les collectivités locales et les organismes divers d’administration centrale (ODAC) n’échappent pas à cette tendance, avec des hausses respectives de 10,4 milliards, 1,3 milliard et 200 millions d’euros.
Cette explosion de la dette n’est pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans une trajectoire inquiétante amorcée depuis le début des années 2000. En deux décennies, la dette publique française a été multipliée par plus de trois, passant de 1 082 milliards d’euros en 2004 à plus de 3 300 milliards aujourd’hui. Cette hausse s’est accentuée sous les mandats d’Emmanuel Macron, où l’endettement a cru de plus de 1 000 milliards d’euros en seulement sept ans, porté par la politique du « quoi qu’il en coûte » durant la crise sanitaire.
Une exception française inquiétante
Contrairement à ses voisins européens, la France ne parvient pas à réduire son niveau d’endettement post-Covid. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a récemment rappelé que seuls l’Italie et la Grèce affichent des ratios dette/PIB pires que la France au sein de l’Union européenne. Une performance qui sape la crédibilité économique du pays et alimente les inquiétudes des marchés financiers.
L’abaissement récent de la note souveraine française par Moody’s, de Aa2 à Aa3, témoigne de ces craintes. Cette décision, prise hors du calendrier habituel, reflète le scepticisme croissant des agences de notation face à l’incapacité de Paris à maîtriser ses finances publiques.
Le nouveau Premier ministre François Bayrou hérite d’un héritage économique désastreux. Avec un déficit public estimé à 162,4 milliards d’euros en 2024, soit 6,2 % du PIB, la France est bien loin des critères de Maastricht. Le gouvernement ambitionne de ramener ce déficit sous la barre des 3 % d’ici 2029, mais la tâche semble titanesque. La dette, quant à elle, pourrait atteindre 116,5 % du PIB en 2027 avant d’espérer une légère décrue.
Ces projections reposent cependant sur des hypothèses optimistes, et toute erreur dans la gestion budgétaire pourrait précipiter une crise. Une nouvelle dégradation de la note souveraine, en passant sous le seuil du AA-, aurait des conséquences catastrophiques : de nombreux investisseurs institutionnels, tenus par des règles strictes, se détourneraient des obligations françaises. Cela entraînerait une hausse des taux d’intérêt et un alourdissement de la charge de la dette, déjà en forte progression.
Il est temps que la France sorte de son déni collectif face à la dette. Le laxisme budgétaire des dernières décennies est devenu une menace pour la souveraineté nationale. L’État-providence, hypertrophié et inefficace, doit être drastiquement réformé. Les dépenses sociales, qui absorbent une part colossale des ressources publiques, doivent être rationalisées pour recentrer les moyens sur des secteurs stratégiques. Parallèlement, il est urgent de relancer la croissance par une libéralisation de l’économie. Cela passe par une baisse massive des charges et des impôts, un allègement de la bureaucratie et une remise en cause des lourdeurs administratives qui étranglent nos entreprises. La France, moteur historique de l’Europe, doit retrouver sa compétitivité et son indépendance économique pour ne plus vivre sous la menace permanente des agences de notation et des marchés financiers.
En d’autres termes, il est temps d’abandonner l’illusion d’un État omnipotent et de réaffirmer une vision souverainiste et libérale, seule à même de restaurer la prospérité et la grandeur nationale. La dette publique n’est pas une fatalité : elle est le fruit de choix politiques erronés que nous avons encore la possibilité de corriger. Mais pour cela, il faudra du courage.