Dans une interview accordée au Parisien, Yaël Braun-Pivet, présidente sortante de l’Assemblée nationale, exprime une critique acerbe des accords politiques aussi bien à droite qu’à gauche. Elle qualifie ces manœuvres de « pitoyables » et estime que « tout est possible » pour le camp macroniste, malgré la dissolution prononcée par Emmanuel Macron après une déroute électorale aux européennes.
Une semaine après cette dissolution choc, Braun-Pivet se lance dans une campagne qu’elle-même semble considérer comme un défi presque insurmontable pour les marcheurs. Elle revient sur la décision du président de dissoudre l’Assemblée, soulignant son profond désaccord et insistant sur l’importance de retourner aux urnes dans une démocratie.
Interrogée sur la forme de la prochaine Assemblée nationale, Braun-Pivet estime qu’il est difficile de prédire les résultats en raison de la forte participation attendue. Elle exprime l’inquiétude des Français face à la polarisation croissante du débat politique et à ses répercussions sur l’économie.
Malgré les perspectives peu encourageantes pour son camp, Braun-Pivet reste optimiste, rappelant qu’elle-même a accompli des choses improbables en politique, comme devenir la première femme présidente de l’Assemblée nationale en 2017. Elle se dit fervente défenseuse du compromis et du dialogue, valeurs qu’elle a cherché à incarner à l’Assemblée.
Concernant la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron, Braun-Pivet admet que c’était peut-être une décision prise au mauvais moment, mais rappelle qu’il s’agit d’un droit du président. Elle évoque aussi son échange tendu avec Macron sur cette décision, immortalisé par une photo officielle.
La possibilité d’une coalition avec les Républicains (LR) semblait envisageable pour elle, mais la décision d’Éric Ciotti de s’allier avec le Rassemblement National (RN) l’a profondément choquée. Elle critique également l’alliance de la gauche avec La France Insoumise (LFI), dénonçant l’antisémitisme au sein de ce mouvement et des éléments du programme commun qui vont à l’encontre des valeurs républicaines.
Lorsqu’on lui demande quelle sera sa consigne de vote en cas de duel entre le RN et le Nouveau Front Populaire, Braun-Pivet hésite à donner une consigne de vote, précisant qu’elle pourrait se prononcer à partir du 1er juillet. Elle considère les programmes économiques du RN et de LFI comme ruineux pour la France, rendant difficile de les départager.
Yaël Braun-Pivet décide de mener sa campagne sans afficher l’image d’Emmanuel Macron sur ses tracts, tout comme en 2022. Elle mise sur sa notoriété personnelle et son travail dans sa circonscription pour convaincre les électeurs, plutôt que de s’appuyer sur la figure de Macron, souvent perçue négativement.
Braun-Pivet reconnaît la difficulté de proposer des mesures chocs en période de colère sociale, mais insiste sur l’importance de la nuance et du réalisme dans les propositions politiques. Elle critique les promesses irréalistes des autres partis, comme la retraite à 60 ans proposée par le RN.
Depuis la dissolution de l’Assemblée, Braun-Pivet a quitté son bureau à l’Hôtel de Lassay mais continue à gérer les affaires courantes. Elle a notamment fixé le calendrier d’ouverture de la 17e législature. Quant à une éventuelle réélection et une nouvelle candidature à la présidence de l’Assemblée, elle reste focalisée sur l’objectif de contrer les extrêmes.