20e Congrès des Régions à Strasbourg : grosses tensions avec le gouvernement

25 septembre, 2024 / Entrevue

Le 20e Congrès des Régions de France s’est ouvert à Strasbourg ce mercredi 25 septembre 2024, dans un climat tendu entre les élus locaux et le gouvernement récemment nommé. Les Régions, qui se réunissent dans la métropole européenne pour deux jours de discussions, sont déterminées à rappeler au nouvel exécutif que les collectivités territoriales ne doivent pas être sacrifiées dans la quête d’économies budgétaires.

Un contexte politique tendu

Sous le thème « Europe : l’heure des Régions ? Faire plus simple, voir plus loin », les élus régionaux ont profité de l’occasion pour souligner leur rôle clé dans l’investissement public et leur partenariat avec l’Union européenne. Franck Leroy, président de la région Grand Est, a exprimé ses inquiétudes sur France Bleu Alsace, affirmant que « les régions ne sont pas responsables du déficit de l’État ». Il a dénoncé les accusations de l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui imputait aux collectivités une part de responsabilité dans le déficit public.

Leroy a notamment rappelé que les régions représentent 70 % des investissements publics, et qu’imposer des restrictions budgétaires à ces entités serait contre-productif. Selon lui, « la part des régions dans l’endettement national est extrêmement faible et stable depuis plusieurs années ».

Au-delà des débats budgétaires, le Congrès aborde également la question de la décentralisation. Le président du Grand Est a insisté sur l’importance de ne pas revenir en arrière sur les compétences transférées aux régions, qui ont prouvé leur efficacité. Le secteur des transports, par exemple, est un enjeu crucial. Leroy a mis en avant les réussites locales, comme l’augmentation de l’offre ferroviaire dans le cadre du REME à Strasbourg, malgré les critiques passées.

Michel Barnier absent, mais le dialogue reste ouvert

Si Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, n’a pas fait le déplacement à Strasbourg, plusieurs membres du gouvernement sont présents, notamment ceux en charge des transports et du tourisme, deux compétences majeures des Régions. Catherine Vautrin, nouvelle ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, est attendue pour représenter l’exécutif face à une assemblée d’élus prêts à faire valoir leurs revendications.

Carole Delga, présidente de Régions de France et de la région Occitanie, a également pris la parole pour exprimer son inquiétude face aux mesures d’austérité qui pourraient être imposées. Elle a rappelé que les collectivités locales jouent un rôle fondamental dans le dynamisme économique et social du pays.

Un Congrès placé sous le signe de l’Europe

Strasbourg, ville symbole de la coopération européenne, accueille ce congrès avec un accent mis sur l’importance des régions dans l’architecture de l’Union européenne. Les discussions ne se limitent donc pas aux enjeux nationaux, mais abordent aussi la place des régions dans les futures politiques européennes, renforçant ainsi leur rôle en tant qu’acteurs incontournables de la gouvernance territoriale.

En dépit des tensions, ce 20e Congrès des Régions de France marque une étape importante dans le dialogue entre les collectivités locales et l’État, à un moment où les choix budgétaires du gouvernement seront scrutés de près par des élus déterminés à défendre leur autonomie et leur capacité d’action.