Selon le dernier bilan de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), 19 % des poissons débarqués en France en 2023 proviennent de populations surexploitées et 2 % de stocks effondrés. Malgré une légère amélioration par rapport à 2022, la situation reste préoccupante, notamment en raison d’un moindre renouvellement des populations de poissons.
Sur 323 000 tonnes de poissons débarquées en 2023, 58 % provenaient de populations considérées comme non surpêchées, contre 52 % en 2022. Cette amélioration montre un certain progrès, mais l’état général des stocks peine à s’améliorer depuis plusieurs années. En cause, un recrutement insuffisant, c’est-à-dire une baisse du taux de survie des larves, qui compromet le renouvellement des populations. Parmi les espèces les plus touchées, l’Ifremer cite le merlu de Méditerranée, la sole de Manche Est, le hareng de mer du Nord et le merlu de l’Atlantique, qui affichent des signaux d’alerte inquiétants. Aujourd’hui, 31 % des volumes de poissons débarqués proviennent de populations en déclin, tandis que seulement 20 % sont issus de stocks en progression. Pour 49 % des stocks, les données manquent pour établir une tendance claire.
Si la pression de la pêche joue un rôle central, l’Ifremer souligne également d’autres facteurs impactant le renouvellement des populations de poissons. Parmi eux, le réchauffement climatique, la pollution, la dégradation des habitats marins, la destruction des zones côtières riches en nutriments, les modifications des courants marins et le décalage entre les cycles du zooplancton et l’éclosion des larves. Ces phénomènes, en fragilisant les premières étapes de vie des poissons, contribuent directement à la baisse des stocks et rendent plus difficile l’atteinte du « rendement maximum durable » (RMD), objectif européen visant à assurer une exploitation des ressources marines sans compromettre leur renouvellement. Initialement fixé pour 2020, cet objectif reste très éloigné de la réalité de la pêche française.
L’étude de l’Ifremer met ainsi en lumière la nécessité d’actions renforcées pour préserver les stocks de poissons, à travers une gestion plus rigoureuse des quotas de pêche et une meilleure protection des écosystèmes marins.