150 milliards d’économies : l’Institut Montaigne dévoile un plan pour redresser les finances publiques

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Un rapport explosif de l’Institut Montaigne, publié ce mardi, identifie près de 150 milliards d’euros d’économies potentielles d’ici 2050. Ce think-tank influent appelle à des réformes profondes dans les secteurs clés des retraites, de la santé et des niches fiscales, afin de redresser les finances publiques françaises.

Retraites : repousser l’âge et geler les pensions

Le système des retraites, qui représente un quart de la dépense publique, est au cœur des recommandations. Parmi les mesures phares, l’une propose de repousser progressivement l’âge minimal de départ à la retraite à 66 ans d’ici 2050, générant 30 milliards d’euros d’économies. Une autre, tout aussi controversée, propose de geler les pensions de retraite pendant quatre ans, pour un gain de 29 milliards d’euros d’ici 2029.

Malgré leur potentiel économique, ces réformes sont politiquement délicates, notamment en raison de l’opposition attendue des retraités, qui constituent une part importante de l’électorat français.

Santé : rationaliser les dépenses

Le secteur de la santé est également ciblé par le rapport, qui souligne que la France figure parmi les pays de l’OCDE aux dépenses de santé les plus élevées. Toutefois, ces dépenses accrues ne se traduisent pas par une meilleure qualité perçue des soins. L’Institut Montaigne propose plusieurs réformes structurelles, comme l’augmentation du taux de prescription des médicaments génériques, la réduction des séjours en maternité, et une meilleure gestion des coûts des indemnités journalières, pour un total de 28 milliards d’euros d’économies potentielles.

Niches fiscales : un coup de balai nécessaire

Les niches fiscales et sociales, en forte progression depuis une décennie, sont également pointées du doigt. Le rapport propose de supprimer certaines niches, notamment celles sur les énergies fossiles, ainsi que de réduire le crédit d’impôt recherche, ce qui pourrait rapporter jusqu’à 6 milliards d’euros. Toutefois, ces mesures risquent de déclencher une levée de boucliers de la part des lobbies et des acteurs économiques concernés.

Des réformes politiquement risquées

Si ces mesures permettent de réduire considérablement le déficit public, elles sont politiquement sensibles. Comme l’explique Lisa Thomas-Darbois, directrice des études à l’Institut Montaigne, « la France connaît une situation financière délétère, mais les réformes indispensables se heurtent aux résistances des acteurs politiques et sociaux ». Le Premier ministre Michel Barnier, qui présentera le budget 2025 dans les prochains jours, semble prêt à assumer cette impopularité, en annonçant un effort budgétaire historique de 60 milliards d’euros.

Ce plan ambitieux sera-t-il suffisant pour ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025, comme le souhaite le gouvernement ? Les prochains mois seront cruciaux pour juger de la capacité de l’exécutif à mener ces réformes à bien, face à une Assemblée nationale hostile et à une opinion publique divisée.

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