14 milliards de dollars… Le coût économique de la guerre israélo-libanaise

14 milliards de dollars… Le coût économique de la guerre israélo-libanaise

La Banque mondiale a tranché les divergences dans les estimations des besoins de reconstruction et de relance suite au conflit qu’a traversé le Liban, pendant 14 mois de « guerre de soutien » menée par le Hezbollah contre Israël, estimant à environ 11 milliards de dollars américains, sous la pression de l’enregistrement d’un repli supplémentaire du produit intérieur brut de 7,1 % l’année dernière.

Le rapport mis à jour de l’évaluation des dommages et des besoins, publié par la Banque mondiale, a conclu que le coût économique du conflit au Liban est estimé à environ 14 milliards de dollars américains, avec des dommages aux infrastructures physiques estimés à environ 6,8 milliards de dollars américains, tandis que les pertes économiques liées à la baisse de la productivité, aux recettes perdues et aux coûts opérationnels sont évaluées à 7,2 milliards de dollars américains.

Ces données et informations diffèrent clairement des conclusions de l’évaluation initiale que la Banque mondiale avait préparée et publiée à la mi-novembre dernier, laquelle avait estimé, en se basant sur l’observation de l’impact initial du conflit sur l’économie libanaise et ses principaux secteurs, que le coût des dommages physiques et des pertes économiques s’élevait à environ 8,5 milliards de dollars américains. Selon cette première estimation, les dommages physiques à eux seuls étaient de 3,4 milliards de dollars américains et les pertes économiques atteignaient 5,1 milliards de dollars américains.

Selon les mises à jour de l’évaluation, le secteur du logement est apparu comme le plus touché, avec des dommages estimés à environ 4,6 milliards de dollars américains. Les secteurs du commerce, de l’industrie et du tourisme ont également été fortement affectés, avec des pertes estimées à environ 3,4 milliards de dollars américains à travers tout le pays. Cela selon l’enquête de terrain menée par la Banque mondiale pour évaluer les dommages, les pertes et les besoins dans dix secteurs à travers le pays, de la période allant du 8 octobre 2023 au 20 décembre de l’année dernière.

En termes de répartition géographique, le rapport indique que les gouvernorats de Nabatieh et du Sud ont été les plus touchés, suivis par le gouvernorat du Mont-Liban, qui comprend la banlieue sud de Beyrouth. Il convient de noter que les gouvernorats de la Bekaa et de Baalbeck ont subi des bombardements intensifs et dévastateurs durant les dernières semaines du conflit.

Selon le tableau de répartition des besoins en reconstruction et en relance s’élevant à 11 milliards de dollars américains, la Banque mondiale a observé la nécessité d’un financement d’environ 3 à 5 milliards de dollars américains par le secteur public, dont un milliard de dollars américains pour les secteurs des infrastructures, y compris l’énergie, les services municipaux et publics, les transports, l’eau, l’assainissement et l’irrigation. Par ailleurs, il sera nécessaire d’obtenir un financement du secteur privé d’environ 6 à 8 milliards de dollars américains, dont la majeure partie sera destinée aux secteurs du logement, du commerce, de l’industrie et du tourisme.

Du point de vue de l’économie globale, le rapport a conclu que le conflit a entraîné une contraction du produit intérieur brut réel du Liban de 7,1 % en 2024, ce qui représente un recul majeur par rapport à la croissance estimée à 0,9 % si le conflit n’avait pas eu lieu.

Ainsi, la baisse cumulative du PIB depuis l’éclatement de la crise financière et monétaire en 2019 approche 40 %, exacerbant les effets de la récession économique multiforme, sans oublier les impacts négatifs sur les perspectives de croissance économique du pays. Il convient de noter que la Banque mondiale avait prévu, dans un rapport précédent publié il y a trois mois, une contraction du PIB de 6,6 % en raison du conflit, portant la baisse cumulative à 38 %.

Le rapport sur l’évaluation rapide des dommages et des besoins a été préparé à la demande du gouvernement libanais pour réaliser une évaluation couvrant dix secteurs : agriculture et sécurité alimentaire ; commerce, industrie et tourisme ; éducation ; environnement et gestion des déchets ; énergie ; santé ; logement ; services municipaux et publics ; transports ; eau, assainissement et irrigation.

Le rapport suit la méthodologie d’évaluation des besoins après catastrophe reconnue mondialement, développée en partenariat avec l’Union européenne, la Banque mondiale et l’ONU. Il a été rédigé en étroite coopération technique avec le Conseil national pour la recherche scientifique du Liban et en coordination avec plusieurs organisations de l’ONU et d’autres institutions de développement partenaires.

Cette méthodologie a été appliquée à l’échelle mondiale dans des contextes post-catastrophe et post-conflit pour orienter les processus de planification de la relance et de la reconstruction. Elle repose sur une approche hybride combinant des données de terrain et des données à distance, y compris des enquêtes sur le terrain, des entretiens avec des sources clés pour collecter des informations, des inspections visuelles, des images satellites, l’analyse radar à ouverture synthétique (SAR), des données anonymisées des téléphones mobiles et des analyses des réseaux sociaux.

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