Le surendettement progresse en France, un fléau social en pleine expansion

Entrevue 1

Le surendettement continue de toucher un nombre croissant de Français, avec 134 803 dossiers déposés en 2024, soit une augmentation de 10,8 % par rapport à 2023, selon les chiffres publiés ce mardi par la Banque de France. Cette hausse, qui s’ajoute à une progression de 8 % déjà enregistrée en 2023, reflète les effets persistants de l’inflation et la stagnation des salaires. Si le surendettement reste inférieur au niveau de 2019, année de référence avant la pandémie, la tendance inquiète. Les six premiers mois de 2024 ont notamment enregistré une augmentation de 12,6 % des dépôts par rapport au premier semestre 2023.

Le phénomène s’explique principalement par la hausse des dépenses contraintes, comme les loyers, l’énergie et les charges courantes, qui pèsent lourdement sur les ménages. « De plus en plus de personnes déposent des dossiers de surendettement sans avoir contracté de crédit, simplement pour faire face à leurs dépenses de base », explique Pauline Dujardin, déléguée générale de la fédération Crésus. Les accidents de la vie, tels que la perte d’emploi ou une séparation, sont devenus les principaux déclencheurs : quatre dossiers sur dix sont liés à une rupture professionnelle et deux sur dix à des difficultés familiales.

Les profils des personnes concernées révèlent une surreprésentation des femmes seules, souvent avec enfant, vivant avec moins de 1 100 euros par mois. « La moitié des personnes en surendettement sont en situation de grande précarité, et un quart sont en recherche d’emploi », précise Hélène Tanguy, directrice des services aux particuliers de la Banque de France. Parallèlement, les inscriptions au Fichier national des incidents de paiement (FICP) ont augmenté de 3,1 % en 2024, tandis que les incidents liés aux chèques sans provision ont diminué de 10,9 %.

Face à cette situation, les demandes d’aide et d’information auprès de la Banque de France ont bondi de 6,8 % en 2024, atteignant 1,9 million de sollicitations. La procédure de surendettement, gratuite et confidentielle, propose des solutions adaptées : rééchelonnement des mensualités, moratoires ou, dans un tiers des cas, effacement des dettes lorsque la situation est irrémédiablement compromise. La Banque de France rappelle l’importance de se tourner vers les banques, associations ou points conseil budget disponibles sur le territoire pour trouver rapidement un accompagnement.

Alors que le surendettement progresse, les perspectives économiques restent préoccupantes, notamment avec la crainte de nouveaux plans de licenciement. Pour Jean-Louis Kiehl, président de la fédération Crésus, « ce n’est malheureusement qu’un début », les effets de la crise étant encore loin de s’estomper pour les plus fragiles.

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