Le RN lance un audit pour avoir 577 candidats à la députation d’ici mars 2025

26 septembre, 2024 / Entrevue

Le Rassemblement National (RN) entend tirer les leçons de l’échec cuisant du « Plan Matignon 1 » en juillet dernier, où Jordan Bardella avait échoué à accéder au pouvoir. Cet épisode avait révélé de graves dysfonctionnements dans la sélection des candidats, avec la mise en lumière de profils problématiques, certains ayant tenu des propos racistes, antisémites, ou homophobes sur les réseaux sociaux. L’un d’eux avait même été photographié avec une casquette nazie, plongeant le parti dans une série de polémiques.

Si Jordan Bardella a qualifié ces incidents de faits isolés, parlant de « brebis galeuses », un dirigeant du RN a préféré le terme de « bavures ». Selon lui, ces erreurs s’expliquent par le recrutement précipité de certains candidats. Pour éviter de reproduire ces erreurs, le parti entend désormais renforcer son processus de sélection.

Criblage systématique des réseaux sociaux

L’une des nouvelles mesures phares consiste à instaurer un criblage systématique des réseaux sociaux pour tous les aspirants candidats. Un membre de la direction est catégorique : « Si un candidat refuse de nous laisser consulter ses publications passées, cela éveillera immédiatement des soupçons. » Le RN veut ainsi se prémunir contre les mauvaises surprises et éviter que des propos compromettants ne surgissent en pleine campagne électorale.

Cette vigilance accrue s’accompagne d’un élargissement du vivier de potentiels candidats. Avec 100 000 adhérents et des inscriptions en hausse continue, un proche de Marine Le Pen se montre confiant : « Cela nous donne de quoi choisir des futurs députés sans avoir à céder à la précipitation. »

Objectif : 577 candidats d’ici mars

Jordan Bardella a fixé un objectif clair : être prêt d’ici mars 2025. En conséquence, le RN organise actuellement un audit pour évaluer combien de nouveaux candidats sont encore nécessaires pour atteindre le nombre symbolique de 577 circonscriptions à pourvoir. Deux députés, Thomas Ménagé et Julien Odoul, sont chargés de piloter cette mission. Leur rôle est de sélectionner et auditionner les futurs candidats au cours des prochaines semaines.

La première commission d’investiture est prévue dès octobre, et le RN prévoit d’en tenir au moins deux par mois, avec l’objectif de désigner une cinquantaine de candidats à chaque session. Cela permettra au parti de se préparer à toute éventualité, y compris une dissolution de l’Assemblée nationale.

Bien que la dissolution de l’Assemblée soit une prérogative exclusive du président de la République, certains proches de Marine Le Pen estiment que le RN pourrait influencer ce calendrier. « La dissolution, c’est nous qui la provoquerons, » avance un conseiller du parti. Selon lui, si le RN se met à renverser les gouvernements à répétition, Emmanuel Macron sera contraint d’appeler aux urnes plus tôt que prévu. Une stratégie qui pourrait précipiter le retour des électeurs dans les bureaux de vote, ouvrant potentiellement la voie à un pouvoir législatif plus favorable au parti de Marine Le Pen.

En intensifiant son contrôle interne et en élargissant son vivier de candidats, le RN espère ainsi éviter les dérapages du passé et se préparer efficacement pour une potentielle bataille électorale en 2025.