Plusieurs syndicats de l’Éducation ont demandé au ministère de retirer le clip coproduit par Mélissa Theuriau contre le harcèlement scolaire. Selon eux, la vidéo porterait atteinte à l’image des enseignants.
Boulettes de papiers, insultes, Baptiste, élève en école primaire, est victime de brimades en classe dès que l’institutrice tourne le dos. L’enseignante ne se rend compte de rien. Pire, elle gronde l’écolier victime et non ses harceleurs. Une camarade de classe finit par lui prendre la main pour aller en parler aux adultes. Voici le clip officiel contre le harcèlement scolaire coproduit par Mélissa Theuriau, avec le soutien du groupe Walt Disney.
S’il dénonce une dure réalité, le message est mal passé auprès des professeurs et plusieurs syndicats ont demandé, début de semaine, à la ministre de l’Éducation Nationale Najat Vallaud-Belkacem, d’annuler sa diffusion sur les chaînes de France Télévisions dès jeudi, à l’occasion de la journée nationale contre le harcèlement à l’école.
« Le harcèlement n’est pas la conséquence d’un dysfonctionnement des classes, d’un désintérêt des enseignants pour les élèves » écrit sur son blog Paul Devin, secrétaire général du Syndicat d’inspecteurs SNPI-FSU, qui considère le clip comme « un acte de mépris pour les enseignants et les élèves victimes. » Le Sgen-CFDT déplore, lui, « une enseignante pédagogiquement caricaturale, hurlant et ignorant ses élèves » tandis que le Snalc critique « une mise en scène peu nuancée de ce grave problème très mal reçue par les personnels ».
Mélissa Theuriau répond à la polémique
Mélissa Theuriau, elle-même victime de harcèlement à l’école, a réalisé ce clip gracieusement et a tenu à répondre aux critiques, ce matin, au micro d’Europe 1 : « Je montre une institutrice qui a le dos tourné comme tous les professeurs et les instituteurs qui font un cours à des enfants et qui ne voient pas dans leur dos une situation d’isolement. Une petite situation qui est en train de s’installer et qui arrive tous les jours dans toutes les salles de classe de ce pays et des autres pays » explique la journaliste.
La femme de Jamel Debbouze poursuit : « Si tous les instituteurs étaient alertes et réactifs à cette problématique de l’isolement alors on n’aurait pas besoin de former, de détecter le harcèlement. On n’aurait pas 700 000 enfants par an en souffrance, on n’aurait pas des situations de drame et de suicide qui peuvent arriver aussi parce qu’on arrive pas à parler aux adultes de cette solitude et de ce sentiment d’injustice ».
Le ministère de l’Éducation a affirmé soutenir le clip coproduit par la journaliste, confiant que le clip s’adresse aux écoliers « car c’est à cet âge que le harcèlement débute ». Le ministère précise cependant que « le personnel de l’éducation jouent évidemment un rôle fondamental, tant dans la prévention que dans la prise en charge du harcèlement« .