Entrevue a testé l’Urbex avec Red Bull

26 septembre, 2016 / Jerome Goulon

Jeudi 15 septembre. Nous répondons à une mystérieuse invitation de Red Bull, qui nous propose de vivre une expérience inédite, de braver l’interdit et d’explorer un paysage oublié de l’architecture parisienne, guidé par David De Rueda, un célèbre Urbex, et Clément, son acolyte. L’urbex ? C’est le fait d’explorer des lieux construits par l’homme, en général abandonnés, difficiles ou interdits d’accès.

 

À l’heure du rendez-vous, une navette nous récupère et prend la direction de l’ouest parisien. Impossible d’avoir un indice sur notre destination, l’information est top secret. Après 20 minutes de route, on nous demande d’emprunter un sentier le long de la Seine. Nous arrivons bientôt devant une palissade où David De Rueda nous attend.

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Objectif de la soirée : déjouer la sécurité afin d’explorer une ancienne papeterie qui est laissée à l’abandon depuis 2011. Notre équipement pour cette mission nous est remis et nous entrons immédiatement dans le vif du sujet. Première mission : escalader le mur d’enceinte en évitant de se prendre dans le piège des barbelés qui protègent les lieux. Une fois dans le site, nous courons nous mettre à l’abri des regards des vigiles et de leurs chiens, ainsi que des nombreuses caméras de surveillance qui balaient les lieux.

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À l’abri dans les bâtiments du complexe, nous pouvons débuter notre exploration, accompagnés de nos deux Urbex. Il faut dire que les deux compères ont l’habitude de ce type de visites intrusives : ils sont déjà exploré un cimetière d’avions en Californie, Tchernobyl ou encore le cosmodrome de Baïkonour, le site de lancement d’engins spatiaux de la Russie, situé au cœur du Kazakhstan.

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Alors que la nuit tombe peu à peu sur la papeterie abandonnée et que nous avons mis en marche nos lampes frontales, nous débutons la visite de 170 000 m2 de bâtiments, de cuves, de couloirs et autres souterrains que compte ce site. Les lieux ont été complètement vidés et tombent peu à peu en ruines : fenêtres cassées, traces de rouille recouvrant poutres métalliques et rongeant le béton… En dehors de quelques pigeons qui viennent y trouver refuge à la nuit tombée, le site est désert.

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Après deux heures d’exploration, nous débouchons sur un espace cossu où le team Red Bull nous a préparé une collation. Avec un hot dog et un cocktail au Red Bull entre les mains, nous assistons aux plus grands exploits Urbex diffusés sur écran géant dans un contexte grandiose. Car si l’urbex se pratique d’ordinaire sur des sites où le public ne s’aventure pas, Red Bull a obtenu l’autorisation exceptionnelle de nous accueillir dans des conditions optimales de sécurité au sein de cette papeterie. Mais durant toute la durée de l’expérience on s’est vraiment pris au jeu de l’exploration urbaine et nous aurions adoré prolonger encore l’aventure !

RedBull TV – Launching Urbex Event from DeGaulle on Vimeo.

 

img_6841À l’issue de l’exploration, nos deux guides nous ont accordé une interview.

Entrevue : Depuis combien de temps faites-vous de l’Urbex ?
David De Rueda : Depuis dix ans environ. J’étais curieux de découvrir l’envers du décor de certains lieux.

Tu as commencé par des sites de petite taille ou tu as tout de suite tapé des gros ?
Clément  : Au début, ce sont les petites maisons abandonnées que l’on connaît tous dans les petits villages.
DDR : C’est ça ! Mais rapidement, on a envie de progresser et d’explorer des bâtiments plus importants.

Quel est le site le plus important que vous avez exploré ?
Clément : Une navette spatiale et une fusée au Kazakhstan. David m’a parlé de ce projet en me montrant des photos. Mais on n’imagine pas vraiment ce que cela représente à l’échelle réelle. Et sur place, le fait de faire plusieurs heures de marche, en pleine nuit, sans lampe torche, avec 20 kilos de matériel.
DDR : On arrivant sur le site, on était épuisés. On fait le tour du bâtiment pour trouver une entrée. Nous avons découvert des bâtiments immenses. Nous n’en voyions pas le bout. Et soudain, nous tombons sur des navettes qui font 50 mètres de long et 30 mètres de haut. C’était en fait un programme des années 80 qui avait été mené par l’es URSS et qui avait été arrêté car c’était trop cher.

L’adrénaline monte ?
DDR : oui, il y a de l’excitation car on n’est pas censés être là. Du coup on est hyper discrets, on est à l’affût du moindre bruit. Mais il faut rester maître de soi.

Vous vous êtes déjà fait attraper ?
Clément : En Allemagne, on a failli se faire attraper dans un manoir de la campagne berlinoise. Il suffit qu’un voisin appelle la police… Mais il y aurait matière à ce que certaines entreprises nous engagent pour tester leur sécurité ! (Rires.)

Du coup, vous voyagez beaucoup…
DDR : Oui, il y a trois ans, j’ai fait un road trip aux Etats-Unis. J’ai suivi des explorateurs urbains américains. L’année dernière, j’ai traversé neuf pays de l’Est.

Quels sont les dangers de cette activité ?
Clément : Le principal est de te faire arrêter par des Kazakhs et rester dans des geôles là-bas des années. Sinon, le plus gros risque est de se blesser car nous visitons des endroits qui ne sont pas sécurisés. Une fois, aux Etats-Unis, j’étais dans un hôtel délabré, au deuxième étage. Le plancher a cédé. J’ai réussi à me retenir avec les coudes, mais c’était limite.

Quel site vous fait rêver désormais ?
DDR : Avec Baïkonour, on a mis la barre assez haut. Mais au Japon, une ancienne cité minière située sur une île nous attire.