Charlie Hebdo : des dessins jugés « blasphématoires » par la Russie
Après avoir suscité la polémique avec plusieurs caricatures sur la mort du petit Aylan, l’enfant syrien retrouvé mort sur une plage turque, les dessins de Charlie Hebdo font une nouvelle fois des vagues.
Dans son édition du 4 novembre, le journal satirique a publié deux caricatures sur le crash de l’Airbus de Metrojet au Sinaï. Sur un premier dessin, on voit un homme, identifié comme un djihadiste, se protéger la tête des débris de l’avion tombant du ciel. Le texte « Daech, l’aviation russe intensifie ses bombardements » sous-entend que la Russie a elle-même provoqué le crash qui a fait 224 morts en Egypte. Sur une deuxième caricature, un crâne posé au milieu d’autres restes humains confie qu’il aurait « dû prendre Air Cocaïne ».
S’ils peuvent prêter à sourire malgré la catastrophe, ces dessins n’ont pas fait rire la Russie et le gouvernement l’a fait savoir dans un communiqué de presse. « Dans notre pays, ça s’appelle du blasphème, au sens large du mot, cela n’a rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d’expression » a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. L’homme politique va même plus loin en qualifiant les dessins de Charlie Hebdo « d’immoraux« , accusant le journal de « faire de l’argent sur le malheur des gens« .
Le gouvernement russe a également attaqué Charlie Hebdo sur les réseaux sociaux. Une deuxième charge a été lancée par Maria Zakharova, du Ministère des affaires étrangères russe sur son compte Facebook. Jugeant « scandaleuses » ces caricatures », elle pose également la question : « Quelqu’un est-il encore Charlie ? ». Sur son compte Twitter, le député Alexei Pouchkov a écrit : « Alors que le monde entier compatit avec la Russie, Charlie Hebdo proclame le droit odieux au blasphème ».
Si la Russie a participé à la marche républicaine du 11 janvier en hommage aux attentats de Charlie Hebdo, Moscou s’est vite désolidarisé de la liberté d’expression du journal satirique, Dmitry Peskov affirmant dans son communiqué qu’il « a pleuré lors des attentats, mais qu’il n’a ‘jamais été Charlie' ». Le porte-parole du gouvernement a également fait savoir qu’il demanderai des explications à la France pour ces deux dessins.
L’esprit « Charlie » existe-t-il encore ?